• ۞ Les jeunes au bord de la route ۞

    Nous sommes en 2007. J’ai 13 ans, je suis complexée et comme tous les jours je porte un baguy très ample et un grand pull. Mes cheveux sont trop courts, trop noirs, ma démarche ressemble à celle d’un ours. Globalement, je ne suis vraiment pas belle. 
    On est dimanche, il fait beau, il est aux alentours de 15 heures, je suis à quelques minutes de mon domicile. J'ai mes écouteurs, je passe devant mon horrible collège. 
    Je déteste ce collège. Je ne me défends jamais de ce qui m'y arrive. J'ai peur de faire plus mal que prévu, j'ai peur des conséquences et de possibles représailles. Je crois à tord que mes parents pourraient finir en prison à cause de moi si je faisais du mal.
    Plus tard, j'apprendrais que la Justice, ... à son propre système, et que les flics "n'ont pas que ça à faire". 

    Le trottoir est étroit, et je vois à quelques mètres en face de moi un groupe de jeunes. Probablement du collège. Je baisse déjà la tête je sais que mon physique et mon style vestimentaire suscite toujours de la haine ou des moqueries. Qu’est-ce qu’il va se passer ? Je n’ai pas d’autres choix que de passer au milieu d’eux, de toutes façons même si je changeais de trottoir le temps de les contourner, rien ne les empêcherait de m’insulter de loin et pire, je ne veux pas les inciter à se déplacer, à me suivre ou à marcher avec moi.

    J’y arrive. Je ne les entends pas, j’ai toujours mes écouteurs. Mais je sens quatre mains me caresser des endroits que je n'ose pas prononcer. Je les entends simplement faire des « hmmm ». Ouf, ca n’a duré que le temps que je passe, deux ou trois secondes à peine. Je devrais leur crier dessus, virer leurs sales mains, quel âge ils ont ces connards ? Mon âge si ce n’est plus jeune ! Pour qui ils se prennent ? Je devrais en pousser au milieu de la route et casser la tête des autres. Je suis triste. Ca n’a duré que le temps que je passe, mais quand j’y pense j’ai encore la sensation de leurs mains qui passent, lentes, douces… Ces inconnus qui me détestent aveuglément et que je haïs encore plus… Ce n'est pas la première fois, la douceur de leur geste est une violence que je connais déjà. 
    Je ne m'y habitue pas.

    J’ai honte. J’aurais dû, j’aurais dû, j’aurais dûJ’espère qu’ils n’étaient finalement pas du collège et qu’ils m’ont oubliée.
    Personne ne le saura jamais.


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